Je traite cette question parce que je sais à quel point vous pouvez avoir ce sentiment d’avoir perdu pied et que les jeux sont faits : vous êtes foutu ! A quoi bon poursuivre l’entretien, vous savez que dans la tête du jury c’est plié, vous avez conscience d’avoir merdé, un point c’est tout. Et quand vous regardez le jury, vous sentez qu’il n’est plus pareil, vous lisez dans son regard qu’il est déçu et qu’il a juste envie de passer au candidat suivant. Deux messages fondamentaux :
- Ce n’est dans une très grande majorité des cas qu’une impression.
- Dans aucun cas vous ne devez lâcher prise; vous devez même redoubler d’agilité et d’aplomb.
Explications.
L’IMPRESSION EST SOUVENT MAUVAISE
L’impression, vous avez dit l’impression ? Mais qui vous dit que vous avez planté ? Vous avez le sentiment que vous avez planté, c’est déjà différent. Franchement, ne vous fiez pas à vos impressions car :
Vous évaluez très mal en situation. Vous avez toujours tendance à voir le mal partout, à sur-interpréter les actes, paroles du jury et situations.
Les jurys sont de qualité très inégale. Vous pouvez tomber sur un jury qui n’évalue pas correctement l’entretien. Ce que vous percevez comme justement grave, ne sera pas perçu comme tel par le jury. Si, si, cela existe vraiment !
« Ok, allez-vous dire, mais ce n’est pas juste une impression, je me suis vraiment planté ». Admettons. Mais que connaissez-vous de l’importance de cette séquence ratée dans la notation du jury ? Il s’est sans doute rendu compte que vous vous êtes planté, mais peut-être que cette séquence n’est pas jugée si importante que cela au final. D’autres éléments bien plus lourds et positifs peuvent contrebalancer. Ce n’est pas parce que vous avez été unanimement mauvais sur une séquence, que vous êtes impardonnable ! C’est une grave erreur de penser que cela met un point d’arrêt à l’entretien ! Non, non et non !
Il est probable que vous plantiez aussi sur une séquence difficile; connue comme difficile par le jury. Problème : vous ne vous doutez pas forcément que le jury a conscience du caractère difficile de cette séquence. Vous avez l’impression de vous planter; le jury a le sentiment de vous avoir poussé un peu trop loin. Il ne vous tient donc pas rigueur de votre « plantage ». C’est une séquence isolée, une parenthèse pour lui.
Ce qui amène à un autre point : peut-être même que le jury est joueur. Il vous met volontairement en difficulté pour vous voir réagir. Dans ce cas, comprenez qu’il est carrément malvenu de baisser les bras. Le jury veut vous voir en situation de difficulté.
Enfin, n’oubliez jamais que vous êtes dans un concours ou un processus de sélection. Et que votre prestation est relative à ce que font les autres candidats. Ce n’est pas rien de le rappeler car il est possible que le jury mette en difficulté bien d’autres candidats ou que les autres candidats se mettent en difficulté tout seuls. Le jury sélectionne non pas les bons candidats, ceux qui ne commettent pas d’erreur mais les meilleurs, ceux qui en commettent le moins (ou les moins graves plus exactement). Vous n’avez peut-être pas été le meilleur mais vous n’avez sans doute pas été le pire !
En résumé, l’impression est souvent mauvaise car un entretien n’est JAMAIS, je dis bien JAMAIS, perdu. Vous pouvez :
– avoir juste l’impression d’avoir déçu le jury
– avoir réellement déçu le jury mais vous avez toujours la possibilité de renverser la situation. TOUJOURS.
ON NE BAISSE JAMAIS LES BRAS
Il est HORS DE QUESTION de baisser les bras. HORS DE QUESTION.
Parce qu’on n’abandonne pas en plein milieu d’un entretien que l’on a préparé pendant plusieurs semaines, mois, voire années. Vous vivez peut-être un calvaire, vous perdez confiance et le sourire qui va avec; peu importe. Au pire vous aurez encore 15 minutes à tenir. Mais vous n’avez pas le droit de griller toutes vos chances au nom d’une impression ou d’un sentiment.
Parce qu’un entretien n’est jamais perdu. J’ai vu des candidats être admis, sur le fil, parce qu’ils avaient révélé un trait de personnalité ou un point-clé qui a interpelé le jury, dans les 5 dernières minutes de l’entretien, alors que l’ensemble avait été très mauvais. Tout est possible !
Parce que vous aurez perdu dès lors que le jury percevra dans votre attitude que vous acceptez d’avoir perdu. En gros, vous avez une faiblesse dans l’entretien; en baissant les bras, vous signifiez au jury : « Bien vu, vous avez remarqué que je n’étais pas bon. » Défaite par abandon. Tant que le jury ne perçoit pas que vous validez ce plantage, vous êtes dans la course.
Qu’est-ce que baisser les bras ?
Lorsqu’un candidat sent qu’il a définitivement planté l’entretien, voici ce qui se passe et ce que voit le jury pendant toute la durée restante :
– Regard beaucoup plus fréquemment baissé
– Volume sonore inférieur
– Sourire absent
– Air accablé
– Mains ayant quitté la table
– Enfoncement dans le fauteuil
– Abandon total d’initiative, mode garde à vue et interrogatoire de police
C’est ainsi que le jury comprend que vous avez abandonné la partie.
Que faire ?
Il faut reprendre la main et sortir à tout prix de la zone de plantage dans laquelle vous êtes. Cette sortie se fait :
- Sur le fond. Il faut proposer quelque chose de nouveau au jury, vous positionner d’urgence sur un terrain sur lequel vous serez bon.
Vous pouvez le faire franchement, en passant à un autre sujet. Vous montrez au jury que vous souhaitez fermer cette mauvaise séquence et passer à autre chose.
« Je ne suis pas à l’aise avec ce sujet. En revanche, beaucoup plus avec… »
« Je me m’en sors pas ! Je préfèrerais vous parler de… »
« Nous avons passé beaucoup de temps sur mes redoublements mais ils ne sont pas révélateurs de ce que je suis aujourd’hui. Mes expériences professionnelles le sont plus. Et particulièrement mon stage chez Engie. C’est cela dont j’aimerais vous parler. »
Vous pouvez aussi opérer la transition délicatement, sans la rendre à ce point visible.
- Sur la forme. Vous devez vous ressaisir, physiquement.
Le jury qui a pris conscience de votre défaillance verra toujours d’un bon oeil un non-abandon. Souvent, je vois des candidats en situation d’échec dans l’entretien, mais qui mettent une énergie constante à développer, à convaincre. Le jury valorise cette attitude car il apprécie la résistance et la pugnacité.
Conclusion : vous n’avez jamais planté au milieu. Tout peut se jouer en 5 minutes. 5 minutes ont pu décevoir le jury. Il suffit de 5 minutes intéressantes pour vous remettre dans la course. Aucun doute possible ici.