On parle du poker, d’un intérêt pour l’actualité de la ligue 1 de football, pour les séries télévisées… Il n’y a aucune raison de s’abstenir dans l’absolu. A vous de juger au regard des éléments suivants :
Avez-vous des discours suffisamment consistants sur ces sujets; et même plus que consistants, originaux ? Car il est probable que le jury parte avec le même a priori que vous sur le sérieux du centre d’intérêt. Il va falloir le surprendre et agréablement :
Vous êtes fan de poker. Pour surprendre agréablement un jury, il faudra par exemple évoquer la naissance du poker qui présente des caractères intéressants (référence historique qui donne du sérieux et contre-carre l’a priori); une technique de poker détaillée à son maximum, avec beaucoup d’expertise et de minutie (donne également du sérieux); le traitement du poker dans le cinéma, avec une analyse comparative; votre participation à un tournoi important…
Avez-vous besoin de faire passer une image moins sérieuse ? Il peut être pertinent d’utiliser ce centre d’intérêt pour casser une image trop coincée, trop lisse, pas assez « fun ».
Exemple de traitement d’un centre d’intérêt a priori pas sérieux : fan de séries télévisées américaines.
« Le genre « série » représente une manifestation historiquement représentative du contexte socioculturel d’une société donnée. C’est une des raisons pour lesquelles j’apprécie ce genre. « The Wire » revêt, parmi les séries télévisées produites ces dernières années, un intérêt tout particulier dans cette quête de la représentativité socioculturelle. Elle consiste à décrypter, en soixante épisodes de plus ou moins 58 minutes, la complexité sociale des villes américaines touchées par la crise économique et la désindustrialisation, à travers l’exemple de Baltimore (Maryland). J’ai particulièrement été interpellé par la représentation des forces de police. La représentation des forces de polices et de secours américaines dans les séries télévisées, depuis les évènements du 11 septembre, a fortement tendance à glorifier ce fameux 911. Les formes de représentation sont certes différentes : Jack Bauer est digne du super-héros dans « 24 », le flic moyen est loué pour sa bravoure et son sens du sacrifice dans « Third Watch », l’acharnement du système judicaire américain est mis en scène dans « Law and Order ». Toujours est-il que le résultat est le même, et le message semble donc univoque : traumatisés certes, les Etats-Unis sont capables de faire face à la menace terroriste. Or face à l’infaillible succès des forces policières comme représentées dans les séries télévisées post-11 septembre, les équipes de « The Wire » sont confrontées à l’échec des politiques et stratégies mises en œuvre. Pire, la seule issue trouvée face aux exigences hiérarchiques et politiques de résultats consiste à mieux truquer les statistiques de la criminalité et celles du sentiment d’insécurité. On peut aussi déceler une certaine critique du système judiciaire américain dans cette démarche qui vise à dénier l’héroïsation des forces de polices après les évènements du World Trade Center. A plusieurs reprises, les évolutions du droit américain et de la politique de sécurité intérieure (Homeland Security), qui encouragent la lutte anti-terroriste, sont présentées comme un obstacle à l’élaboration et la mise en œuvre quotidienne d’une stratégie d’enquête, dans un contexte plus « banal » (par opposition à la situation extraordinaire du terrorisme) de lutte contre un réseau de trafiquants. Que ce soit au niveau de l’enquête menée par les forces de police de la ville de Baltimore (la section criminelle notamment) ou dans la collaboration de celles-ci avec le FBI. Autrement dit, les sentiers battus de l’héroïsme policier ne sont pas empruntés dans « The Wire », du fait de la construction réaliste d’une enquête policière qui n’est au fond qu’un prétexte mettant en scène une description fouillée et profonde du quotidien et de la situation de la ville de Baltimore. »