Si vous répondez de butte en blanc, vous dites forcément « Je ne commercialise pas les produits en Afrique ». Il y a mort d’homme possible quand même. Cette réponse n’est pas mauvaise. On imagine bien un jury vous pousser dans vos retranchements et ajouter « Certes, mais quelques morts vous permettraient de faire vivre une compagnie; et puis, les effets toxiques sont juste possibles; ils ne sont pas certains. » ou « Il y a tellement d’autres produits toxiques en Afrique, un de plus ou un de moins… » ou encore « Ne soyez pas manichéen s’il vous plaît ». Vous n’aurez d’autre choix que de persister dans votre avis en disant qu’il n’y a pas un intérêt supérieur à l’intérêt général; et qu’il ne s’agit là que de l’intérêt d’une compagnie, il passe en second, quelles qu’en soient les conséquences. C’est aujourd’hui cette absence de raisonnement qui permet à des industries comme le tabac de prospérer sur la mort des gens.
Si vous prenez le temps de la réflexion et que vous décortiquez un peu, vous allez voir que la réponse n’est pas si simple.
« Il faut situer le produit dans son contexte. Permet-il de couvrir des besoins non pourvus importants en Afrique ? Ces besoins non pourvus mènent-ils à la mort ? Car dès lors le retrait du produit pourrait mener à plus de morts que son maintien. C’est un premier point. Le produit est-il substituable ? Existe-t-il sur le marché une solution de remplacement sans danger ? Si oui, alors le retrait du produit est envisageable; si non et si le produit potentiellement mortellement toxique préserve de morts plus importantes, alors je pense qu’il faut poursuivre la commercialisation en Afrique. Dans le même temps, il faudra initier ou développer de nouvelles recherches pour diminuer ou supprimer la toxicité du produit. »Le jury vous attend aussi sur ce type de complexité et pas forcément sur des propos simples. C’est là que vous gagnez des points sur le critère « Analyse ».