Pourquoi ?
- Le deuxième pilier. La qualité de votre entretien repose sur deux piliers : la préparation et l’agilité. Quand vous aurez préparé impeccablement vos contenus, quand vous en connaîtrez la liste, vous aurez donc un propos audible, clair, percutant à destination du jury. Mais il va falloir s’en servir en toute circonstance, de façon spontanée, « naturelle ». La préparation est donc la base, mais elle ne suffit pas.
- La garantie de la maîtrise. L’agilité va vous assurer qu’en toute circonstance vous pourrez placer les éléments-clés de votre candidature, les centres d’intérêt, les stages, les expériences qui véhiculent des messages importants sur vous. L’entretien est protéiforme, il n’y a pas de schéma standard ; or, vous ne pouvez soumettre votre candidature aux contingences de l’entretien. L’enjeu ne le permet pas.
- La garantie de la spontanéité. L’agilité est aussi la garantie que vous saurez placer tous vos points-clés préparés avec finesse. Car certes, vous devez placer vos points-clés, l’entretien est bien une entreprise de placement, mais vous devez répondre aux questions qu’on vous pose, ne pas plaquer des contenus prêts à l’emploi, vous devez être spontané.
Comment ?
- Relier systématiquement les questions du jury à un élément de votre liste
Toute question du jury doit vous amener à parcourir votre liste de points-clés afin de savoir quel élément placer. Evidemment, cette opération n’est pas directement visible par le jury. Elle sera d’autant plus efficace que vous maîtriserez parfaitement cette liste. Le parcours de la liste et le choix d’un élément vous prendront alors moins d’une seconde.
Exemple : « Que faites-vous pendant votre temps libre ? »
Vous parcourez votre liste, identifiez 3 points-clés (la littérature danoise, le piano, votre pratique du judo en compétition régionale). Vous choisissez finalement le judo en compétition régionale car 1. c’est l’élément porteur du plus grand message 2. parce que vous n’avez pas encore évoqué vos sports.
- Relier même les questions les plus « lointaines » à votre liste
Le lien entre une question du jury et un élément de votre liste n’est pas forcément évident. Mais cette liste est pourtant quasi-universelle, elle doit vous permettre de répondre à presque n’importe quelle question. Vous devez prendre conscience de cela. C’est le point essentiel de votre préparation. Si vous le comprenez, vous comprenez que l’entretien est un jeu qui consiste à placer vos points-clés quelle que soit la question.
La preuve passe ici par l’exemple :
« Qu’est-ce qui vous fait peur ? ». Vous pourriez être déstabilisé par cette question; chercher difficilement, sous stress une réponse, vous perdre dans les araignées ou les films d’horreur. Ce ne seraient d’ailleurs pas forcément de mauvaises réponses. Le seul problème : le message véhiculé sur vous serait faible car il ne s’agit pas d’un de vos points-clés. Ce serait aussi une voie garage : vous n’avez rien à dire de plus sur le sujet. La démarche est donc la suivante :
- Parcourez votre liste de points-clés avec la question en tête
- Parvenez à l’intuition qu’un élément-clé est mobilisable sur cette question
- Trouvez un « liant », une transition qui va vous permettre d’introduire votre point-clé sur la question.
Allons-y !
Votre liste de points-clés :
– Un stage de 2 mois dans une banque au guichet
– Un job de vendeur de glaces pendant l’été
– Un road trip en Italie
– La pratique du judo en compétition régionale
– Un intérêt pour les nouvelles technologies
– Un engagement associatif pour les Restos du Coeur
Si on fait preuve d’imagination, chacun de ces points-clés peut être raccordé à la question, ou presque. Vous en doutez ? Tentons !
Un stage de 2 mois dans une banque au guichet
Pas simple avec cette expérience ; il est peu probable que vous la sélectionniez pour répondre à cette question.
Un job de vendeur de glaces pendant l’été
Pas simple avec cette expérience non plus ; il est peu probable que vous la sélectionniez pour répondre à cette question. Mais si on pousse un peu, on trouve :
« La dépendance aux autres. Je suis quelqu’un de très indépendant et j’ai besoin de sentir que je ne suis pas dépendant de quelqu’un d’autre, que je peux prendre des décisions seul, que je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre pour assurer ma vie. Et cette peur, je l’ai particulièrement ressentie dans une expérience, comme vendeur de glace pendant l’été dernier. J’étais sous les ordres d’un patron qui exerçait un management tyrannique. J’ai travaillé pendant 2 mois… [placement du point-clé préparé vendeur de glaces pendant l’été] »
Un road trip en Italie
« L’absence d’écoute et de raisonnement. Nous vivons en société et ce qui fait que nous pouvons établir des règles pour vivre en commun, c’est notre aptitude à écouter et à raisonner. Ce ne sont pas des principes, des dogmes car nous vivons en démocratie. Se voir opposer des principes issus d’un dogme religieux quand on fait l’effort de raisonner, cela me fait peur. J’ai été confronté à cette situation lors d’un road trip en Italie, où j’ai dû exposer mon point de vue sur l’homoparentalité. Je suis parti en Italie… [placement du point-clé préparé sur le road trip en Italie] »
La pratique du judo en compétition régionale
« Ce que je ne maîtrise pas, ce sur quoi je ne peux avoir aucune action. Je crois que cela me viens du judo, art martial qui apprend la concentration et à trouver des moyens d’action, pour agir sur l’autre. Je pratique le judo depuis 9 ans, en club… [placement du point-clé préparé sur le judo] »
Un intérêt pour les nouvelles technologies
« A quel point les technologies, pourtant inventées par l’homme, peuvent parfois le déshumaniser et pire, dicter leur propre rythme, leur propre schéma à l’homme, sans que ce dernier ait du recul pour le percevoir. Je pense par exemple au téléphone portable qui nous inscrit dans une culture de l’urgence qui est même contre-productive, tant l’urgence n’est pas nécessaire. Je m’intéresse de façon générale aux nouvelles technologies… [placement du point-clé préparé sur l’intérêt pour les nouvelles technologies] »
Un engagement associatif pour les Restos du Cœur
« L’engrenage du déclassement social. C’est un phénomène dont j’ai pris conscience durant mon engagement au sein des Restos du Cœur. A écouter les personnes, je me suis rendu compte qu’il était très difficile de percevoir les éléments sur votre parcours qui peuvent vous faire chuter (la mort d’un proche, une perte d’emploi) et surtout combien la chute peut être rapide. J’ai donc travaillé pendant 3 ans, 2 soirs par semaine… [placement du point-clé préparé sur les Restos du Cœur] »
Vous constatez donc que, quelle que soit la question (ou presque), vous pouvez mobiliser un élément de votre CV, quitte à passer par une transition. Cela fonctionne avec « Qu’est-ce que vous avez-vous de plus fou dans votre vie ? », « Qu’est-ce qui vous agace ? » et toutes les questions imaginables.
Prenons la chose à l’envers et partons d’un point-clé de votre CV que vous aimeriez placer dans l’entretien. Le but ici est de vous montrer que, si vous êtes attentif et agile, vous aurez l’opportunité de placer ce point-clé dans l’entretien, quelle qu’en soit la configuration.
Cet élément est votre pratique du judo en compétition régionale. Procédons par difficulté croissante :
- Le jury vous demande : « Parlez-nous de votre pratique du judo ! ». C’est simple, vous placez votre point-clé préparé Judo.
- Le jury vous demande : « Que faites-vous pendant votre temps libre ? ». Là, encore, c’est simple ; mais vous devez opérer un premier choix : quelle activité choisir ? Comme le judo est la plus importante pour vous, pas d’hésitation, vous placez le judo.
- Le jury vous dit « Que doit-on savoir d’autre sur vous ? ». C’est un peu plus difficile. L’avantage est que le jury vous laisse le champ libre. La petite difficulté réside dans le choix de l’élément-clé que vous allez placer. Il se trouve que vous avez beaucoup parlé de la partie professionnelle ; vous sentez qu’il est temps de passer à vos activités extra-scolaires et parmi celles-ci, le judo est la plus importante. Donc, vous placez le judo.
- Le jury vous demande « Qu’est-ce qui vous fait peur ? ». Le niveau d’agilité demandé est ici maximal. Evidemment, dans votre liste de points-clés vous n’avez une réponse préparée intitulée « Qu’est-ce qui vous fait peur ? ». Mais vous sentez que vous pouvez faire quelque chose avec le judo, que vous pouvez relier le judo à la question posée. Vous ne pouvez toutefois répondre à la question « Qu’est-ce qui vous fait peur ? » : le judo. Vous allez donc trouver une transition : « L’adversaire. L’adversaire me fait peur. Mais j’aime avoir peur. C’est le judo qui m’a appris à avoir peur. Je pratique le judo depuis [placement du bloc judo]. »
- Le jury vous demande « Qu’est-ce que vous avez fait de plus fou dans votre vie ? ». C’est un autre exemple difficile. Même raisonnement que dans la question précédente. Vous identifiez le judo. Vous trouvez une transition et placez votre point-clé préparé. « Alors que j’étais ceinture orange, j’ai accepté un combat avec une ceinture noire quand j’avais 17 ans. Je voulais y arriver. Et j’ai perdu ! Je pratique le judo depuis… [placement du point-clé préparé judo]. »
Attention, toutefois. Ce procédé doit être totalement transparent pour le jury. Ne soyez pas mécanique, brutal. Mettez du fluidifiant, n’hésitez pas à prendre quelques secondes de réflexion sur une question, au cas où vous seriez tenté par une réponse trop rapide (parce que vous seriez devenu très agile).
- Jouer avec la question
La question qui vous est posée ne permet pas de placer un point-clé de votre CV ? Alors, modifiez-la !
Exemples :
« Qu’est-ce qui vous fait peur ? ». « Peur je ne sais pas, mais je peux vous dire ce qui m’inquiète. »
« Qu’avez-vous fait de plus fou dans votre vie ? ». « Fou, je ne crois pas être fou ; mais téméraire, oui. »
N’est-ce pas trop culotté de faire cela ? Non. Car cela montre de l’intelligence et de la confiance en soi. Le jury peut très bien vous demander de revenir à la question initiale. Mais c’est de bonne guerre. A vous de savoir affirmer vos opinions.
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