Propos général sur les questions déstabilisantes

Pourquoi ces questions ?

  • Une distraction. Le jury s’ennuie. Partez de ce principe parce qu’il n’est vraiment pas loin de la réalité. Le jury ne choisit pas les candidats qui passent, il est « obligé » d’attendre que le temps imparti à chaque candidat soit terminé, plus ou moins, il est confronté à des discours standards, répétitifs. Bref, par pur souci d’hygiène mentale et de bien-être, le jury a besoin d’introduire un peu de nouveauté, de piment aussi, dans l’exercice. D’ailleurs cette distraction n’est pas la seule distraction du jury mais également une façon de vous distraire, vous. Le jury essaie de vous faire quitter votre registre sans doute trop classique pour vous aider à révéler d’autres aspects de votre personnalité.
  • Un signal. Les questions tordues peuvent aussi être posées en réaction à votre comportement ou à un de vos propos qui a interpellé le jury. Alors il réagit, parce qu’il est consterné ou parce qu’il veut vous signifier quelque chose. Dans les deux cas, la question tordue est venue en réaction à et vise à vous envoyer un message. Plus exactement, elle vous envoie un message (de fait) ou vise explicitement à vous envoyer un message.
  • Un test. Retenez que le jury est dans une situation tout aussi délicate que la vôtre. Pèse sur lui une responsabilité : celle de recruter des candidats de qualité. Pèse aussi sur lui donc, le risque de se tromper de faire rentrer des personnes qui n’ont rien à faire dans le programme voire qui vont nuire à l’image de la formation une fois sortis. Il est donc normal, en ce sens, que, le jury teste les candidats, parfois avec des questions déstabilisantes. Les candidats sont de mieux en mieux préparés aux entretiens. « Mieux » n’est sans doute pas le bon mot ; « plus » serait plus juste. Du coup, le jury, mu par l’idée qu’il faut découvrir la personnalité « vraie » du candidat, veut dépasser le verbiage appris et récité, les postures conventionnelles qui n’amènent que du superficiel. Et pour toucher autre chose que la couche superficielle dont vous vous parez pour l’entretien, il faut souvent y aller au marteau-piqueur, à la seringue de 15 cm de long. Et là, le jury peut espérer connaître des aspects de votre personnalité qui lui sembleront plus authentiques.

Les 4 situations les plus courantes

  • Un trait de personnalité trop affirmé => le jury veut contrecarrer

Au cours de l’entretien, le jury évalue, jauge votre personnalité. Il essaie de s’en faire l’idée la plus juste. Parfois, il trouve certains traits de personnalité très présents, trop présents. Il veut s’assurer de son impression. Car si une personnalité forte est un bon point, le jury est à la recherche d’un certain équilibre.

Exemples :

  • Vous vous présentez comme trop parfait, vous apparaissez très rangé. Alors le jury peut intervenir : « Quel est votre côté décadent ? », « Quelle est la faille dans la cuirasse ? », « Qu’avez-vous fait de plus fou ? », «  De quoi avez-vous le plus honte ? ».
  • Vous apparaissez trop sévère, trop strict. Alors le jury peut vous poser une des questions suivantes : « C’est quoi votre côté sympathique ? », « Faites-nous rire ! ».
  • Vous êtes vu comme trop sympathique, trop convivial. Alors le jury peut lancer : « C’est quoi votre côté requin ? », « Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour réussir ? ».
  • Se dégage de votre discours un perception très bourgeoise. Alors le jury peut demander : « C’est quoi votre côté populaire ? », « Il vous arrive de traverser la Seine ? ».

Soyez attentifs, ce sont des signaux que vous envoie le jury, signaux qui veulent dire : on a bien vu tel ou tel aspect de votre personnalité, mais on aimerait savoir si vous êtes aussi autre chose.

  • Un propos trop lisse et convenu

Le jury voyant entre 10 et 20 candidats par jour perd patience devant des propos standards, creux, elliptiques. Alors il s’énerve, au mieux il s’amuse et réactive l’énergie spontanée de l’entretien. Le jury ne peut pas compter sur vous pour animer l’entretien, le rendre intéressant ? Alors il prend les choses en main !

Exemple : A la question « Qu’est-ce qui vous différencie des autres ? », un jury reçoit la réponse suivante : « Je suis rigoureux ». Le jury ne s’attend pas à une réponse aussi plate et si peu différenciée. Alors il lance : « Les tapissiers aussi sont rigoureux ! Non ? »

Evitez les ellipses, les banalités et veillez à toujours maintenir la qualité et la densité de votre discours.

  • Le besoin de créer des espaces de spontanéité

Quelle que soit votre personnalité, votre performance dans l’entretien, le jury a besoin de casser un discours trop prévisible. Il veut vous mettre dans des situations qui vont révéler votre personnalité. Il faut bien avoir en tête que le jury redoute toujours que vous ne soyez pas « naturel », que vous « jouiez un rôle » ; alors il lutte !

Exemples :

  • Les questions de mise en situation : « Que feriez-vous si votre meilleur ami frappait chez vous pour se cacher car il est poursuivi par la police ? ». Ces questions de mise en situation ont la particularité de rebattre totalement les cartes ; il ne s’agit plus de vous, vous n’êtes plus sur un terrain connu. On remet tout à plat et vous êtes donc totalement vierge face à ces questions… et donc naturel, comme je jury aime.
  • Les questions sorties de nulle part : « Et si le jury était des animaux ? », « Et si vous étiez un outil ? ».
  • La provocation. Il arrive parfois qu’un jury défie un candidat sur un ton désagréable pour voir sa réaction. Ou alors qu’il le provoque avec des propos choquants, en avouant qu’il est pour l’inégalité de salaires hommes-femmes ou qu’il adore manger du cheval en face d’un fan d’équitation.

Jouez le jeu. Affirmez-vous ! N’agressez jamais un jury ! Ne l’envoyez pas balader. Au contraire, n’hésitez pas à user d’humour, de second degré, d’ironie… jamais d’agacement.

  • Creuser un point

Le candidat perçoit comme déstabilisantes des questions d’approfondissement. D’un sujet qu’il a abordé. Le jury peut vouloir vérifier la solidité de vos expériences, de vos stages, la véracité de vos expériences de voyage. Elles ne sont pas déstabilisantes. Mais elles révèlent de l’inconsistance dans vos propos si vous les trouvez déstabilisantes.

Exemple : vous évoquez un voyage au Rwanda ; alors le jury vous pose des questions connexes : « Combien d’habitants au Rwanda ? », « Quel est le pays le plus peuplé d’Afrique? », « Françafrique, ça vous fait penser à quoi ? », « Quels sont les pays limitrophes du Rwanda ? », « C’est quoi l’économie du Rwanda ? »

Vous ne savez pas répondre à ces questions ? Alors vous les trouvez déstabilisantes et vous pestez après l’entretien contre un jury que vous considérez comme déstabilisant. Mais vous rendez-vous compte que ces questions n’ont rien de déstabilisant ? Qu’elles n’ont de déstabilisant que votre impréparation et votre manque de connaissance de vos sujets ?

Connaissez vos sujets !

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