Sujet sensible mais loin d’être rare. Il y a deux cas de figure :
- Le projet, après coup, ne vous paraît pas pertinent pour votre candidature. Vous avez écrit votre lettre de motivation en février en ne consultant pas trop autour de vous et en indiquant un projet cohérent à votre sens. Seulement, en approchant des entretiens vous vous rendez compte que le projet indiqué en février n’est pas vraiment pertinent pour l’école ou le programme auquel vous postulez.
- Vous avez une autre idée en tête, vous avez changé d’avis mais votre projet inscrit dans la lettre reste pertinent pour votre candidature.
Le problème est que le jury a accès à votre dossier candidature. Il est possible qu’il ne regarde pas la partie dédiée à votre projet dans le dossier. Mais juste possible. Autrement dit, il y a quand même de fortes chances qu’il jette un oeil dessus; donc même si cette chance est faible, vous êtes obligé de partir de l’idée qu’il a lu votre projet.
Le cas 2 est simple. Si le projet est crédible mais vous avez juste changé d’avis, inutile de prendre de risque. Prenez sur vous, faites un effort et convainquez-vous encore quelques jours que vous avez ce projet. Pas d’autre choix ici.
Le cas 1 est plus complexe. Il y a deux positions qui sont difficiles voire impossibles à tenir : 1. Garder le projet alors que vous savez qu’il ne convaincra pas. 2. Changer le projet et faire face aux doutes d’un jury qui voit alors une incohérence avec votre dossier. Dès lors, la juste voie se trouve dans un entre-deux. Vous pouvez expliquer que :
- L’expression de votre projet dans la lettre de motivation est partielle. Vous avez voulu faire simple car vous aviez peu de place.
- Votre projet s’est aussi un peu déplacé au cours des derniers mois. Mais il s’agit toujours du même projet; les fondements de votre projet actuel étaient déjà contenus dans votre projet inscrit dans le dossier.
Vous devez donc absolument trouver un lien de parenté entre les deux projets et montrer que le projet final est une expression plus complexe, plus complète du projet initial. Le nouveau projet doit donc être fondé (prendre appui sur des expériences, des points-clés de votre CV), comme l’était le projet initial.
Vous marchez sur des oeufs. Donc rodez parfaitement votre discours.
Exemple d’un diplômé de l’ESTP postulant en admission parallèle à l’ESSEC.
Projet initial : « Ces deux expériences combinées m’encouragent aujourd’hui à vouloir poursuivre ma voie dans une foncière. Cette dernière offre pour moi des opportunités intéressantes car elle est en mesure de proposer une vision globale d’un actif; de la stratégie d’investissement au développement jusqu’à son exploitation ».
Problème : le projet ainsi formulé ne nécessite pas le passage par un parcours long en grande école; un mastère spécialisé d’un an suffirait. Pour justifier le programme grande école (2-3 ans), il faudrait identifier un projet plus vaste, moins précis, un besoin de cheminement encore. Par exemple un bon projet pourrait être : « J’ai acquis une solide expertise dans l’immobilier. J’ai envie d’innover et d’apporter une vraie réflexion sociétale dans l’approche immobilière. Cela peut passer soit par l’entrepreneuriat, soit l’intrapreneuriat. Dans les deux cas, je ne veux pas prendre l’immobilier comme un donné, mais travailler sur des projets qui peuvent impliquer un changement de paradigme. »
Dès lors, pour rester cohérent avec le projet initial, le projet suivant pourra être formulé : « J’ai acquis une solide expertise dans l’immobilier. J’ai envie d’innover et d’apporter une vraie réflexion sociétale dans l’approche immobilière. Cela peut passer soit par l’entrepreneuriat, soit l’intrapreneuriat. Dans les deux cas, je ne veux pas prendre l’immobilier comme un donné, mais travailler sur des projets, qui peuvent impliquer un changement de paradigme, avec un passage possible par une foncière. »
Le jury : « Mais vous avez indiqué que vous souhaitiez travailler dans une foncière ? »
Vous : « Oui, c’est une possibilité, le plus probable à l’heure actuelle car je n’ai pas de projet entrepreneurial précis. Je n’ai pas voulu m’étendre non plus dans la lettre de motivation. J’ai 3 préoccupations : la dimension business (c’est ce que je veux faire), le sociétal (je veux travailler à des projets qui ne portent pas seulement sur l’immobilier comme fin en soi) et enfin l’innovation. La foncière peut être une étape intéressante. Mais j’ai aussi d’autres pistes…
Le jury : « Soyez honnête, votre projet a changé depuis l’envoi du dossier ! »
Vous : « Il a continué à évoluer effectivement, mais les 3 dimensions business, sociétale et d’innovation sont toujours au coeur. »