« Comment vous voyez-vous dans x années » ?

Pourquoi cette question ?

  • Votre capacité de projection. Les jurys recherchent de façon universelle des candidats qui sont capables de se projeter dans l’avenir. La passivité, le « je me laisse vivre », l’attentisme ne sont pas franchement des qualités valorisées ; le jury veut des candidats qui sont aptes à s’imaginer un avenir, capables de voir au delà du présent.
  • Votre ambition. Le jury est sur le point de vous faire entrer dans une formation dont vous serez vraisemblablement diplômé. Il a tout intérêt à prendre des étudiants qui sont animés par des envies de réussite, qui sont capables de se fixer des objectifs. Car la situation future des diplômés va rejaillir sur la notoriété de la formation (niveau de salaire, image véhiculée à l’extérieur…).
  • Votre réalisme. L’ambition oui, mais cela ne doit vous faire oublier que le jury vous attend dans la vraie vie et pas dans un fantasme. Donc, pour la tête dans les nuages, on repassera. Ce n’est pas ce qui est attendu.
  • Votre personnalité. Enfin, cette question est un très bon moyen de comprendre qui vous êtes.

Comment ?

Soyez à l’attaque sur la question !

En général, vous la prenez comme une question chiante. Vous savez, un peu comme la question qu’on vous posait chez grand-mère à 10 ans : « Et plus tard, tu veux faire quoi ? ». A moins que cela ne soit chez la conseillère d’orientation : « Ecrivez en dix lignes votre projet de vie ! ». Il est vrai que cette question a quelque chose de ringard dans son énonciation.

Eh bien, mettez de côté cette représentation ringarde. Et au contraire greffez-y de la gourmandise. On ne vous demande pas ici des comptes ; ce ne sont pas non plus vos parents qui exigent que vous fassiez « quelque chose de votre vie ». Non ! Dites-vous que le jury ne vous connaît pas et qu’il est preneur d’informations, certes un peu rapides, certes simplifiées ; mais ce n’est que le jeu de l’entretien, il n’a que quelques minutes pour vous connaître.

Donc :

  • N’ayez pas l’air effaré, consterné, abattu –> Prenez plutôt l’air inspiré, les yeux au plafond, le sourire malin, quelques secondes de réflexion, les yeux qui pétillent. Bref, la posture inspirée, de celui qui prend la question avec appétit.
  • Evincez la difficulté apparente de la question. Inutile de vous perdre en « Oh la la, dans 10 ans ! » ou « Pffff, c’est pas facile !» ou encore « J’en sais rien !», « Il peut y avoir tellement de possibilités » –> Soyez joueur, immédiatement, épargnez-nous ces expressions laborieuses. Evidemment que c’est difficile, mais c’est un jeu. L’exercice est clair, ne passez pas 30 secondes à négocier ce dernier.

Bref, sur cette question, vous devez donner ENVIE. Ne l’oubliez jamais !

Sur la forme

  • Sélectionnez

On espère que votre vie sera plus complexe qu’une simple réponse d’une minute trente. Mais en attendant, c’est le temps d’une réponse donc faites des choix, forcez-les, donnez UNE représentation.

Evitez : « Je serai peut-être dans les achats, ou alors en marketing, j’aimerais bien aussi créer mon entreprise. »

Préférez : « Je serai par exemple dans les achats, vraisemblablement manager senior dans les achats dans 10 ans (cela me fera 7 ans d’activité professionnelle) ».

  • Pensez à la date

Suivant que le jury vous posera la question à 5, 10 ou 20 ans, votre réponse ne sera pas la même. Trop souvent les candidats répondent un peu dans le vent, à la louche. C’est à proscrire totalement ! Je vous rappelle que l’on évalue votre capacité de projection et votre réalisme. Par ailleurs, une approche grossière montrerait que vous ne prenez pas la question au sérieux.

Evitez :

Question à 5 ans : « Je ferai de la recherche »

Question à 10 ans : « Je ferai de la recherche »

Question à 20 ans : « Je ferai de la recherche »

Préférez :

A 5 ans : « Je ferai de la recherche. Je serai diplômé de mon master 2 depuis 2 ans, donc en thèse depuis 2 ans et je travaillerai intensément sur mon projet, qui portera sans doute sur le féminisme.

A 10 ans : « Je ferai de la recherche. J’aurai obtenu mon doctorat depuis 5 ans, vu mon intérêt pour le féminisme et la dynamique connue aux USA sur ce thème, je travaillerai sans doute dans une université américaine. »

A 20 ans : « Je ferai de la recherche. J’aurai obtenu mon doctorat il y a 15 ans. Vu mon intérêt pour le féminisme et la dynamique connue aux USA sur ce thème, je serai sans doute passé dans une université américaine pendant 5 ou 6 ans, j’aurai publié une dizaine d’ouvrages et je serai en poste idéalement dans une université allemande, par exemple Frankfort, très forte en sciences sociales. »

  • Soyez cohérent

On ne vous demande pas des paroles en l’air. On vous demande de faire preuve d’abstraction. Soyez donc très cohérent dans la correspondance des dates et des fonctions, des activités que vous énumérez.

  • Livrez une photographie

Il faut que vous soyez très concret ; plus, que vous fassiez visualiser le jury. Vous devez avoir un souci du détail. En général on ne vous demande pas votre vie sur 10 ou 20 ans, mais votre vie dans 10 ou 20 ans. On parle donc bien d’un moment précis. Donc ayez le souci de donner des détails, de livrer des images pour que le jury se représente bien cette photo que vous avez en tête.

Evitez : « Je ferai de la natation, toujours »

Préférez : « Je continuerai la natation, sans doute plus en compétition, mais j’irai encore 3 fois par semaine pour nager 4 ou 5 km à chaque fois. »

  • Soyez affirmatif mais pas trop

Vous ne devez pas donner l’impression que tout est déjà ficelé et carré. Vous passeriez pour rigide. Employer ça et là des mots qui permettent de laisser du mou.

Exemples : « je me vois bien », « il est fort probable que », « j’aimerais beaucoup », « il me paraît raisonnable de dire que », « je serai sans doute… »

Sur le fond

  • Halte à la banalité

Evitez le ramassis de banalités que l’on peut entendre sur ce genre de questions. J’en reviens à la première partie « A l’attaque ! », ne soyez pas fainéant sur cette question. Car au fond, cette banalité n’est que le résultat du fait que vous n’avez pas envie de répondre à cette question ; vous ne faites pas d’effort. Erreur. Qu’est-ce que la banalité ?

« J’aurai une bonne situation, je serai marié, j’aurai des enfants blablabla… ». En général, vous pouvez vous attendre à l’une des répliques du jury suivantes : « Le Scénic vous le voulez gris métallisé ou noir ? », « Le chien, plutôt labrador ou cocker ? ». Pitié, un peu de personnalité !

  • Evoquez le professionnel…

Bien sûr, on vous attend sur ce terrain. Citez :

  • Le métier
  • Votre fonction exacte
  • Le lieu de travail
  • L’entreprise ou le type d’entreprise

La tendance des candidats est d’aller immédiatement sur le professionnel et dans 3 cas sur 4 de ne parler que du professionnel. Erreur, n’oubliez pas votre vie personnelle, vos centres d’intérêt. Sinon, on risque de vous dire : « Vous n’aurez qu’une vie professionnelle, aucune vie personnelle ? » Citez :

  • Vos activités extra-professionnelles
  • Votre lieu d’habitation

Attention : je le répète, c’est un exercice d’IMAGINATION. N’ayez aucun scrupule à être précis car on ne vous demande pas ce que vous serez dans 10 ou 20 ans, mais ce que vous pourriez être. Maintenant que vous savez cela, il n’y a plus de frein à la précision du propos. Jouez le jeu de cette question, pleinement !

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