« Vous avez un petit ami ? »
« A quel âge avez-vous eu votre première relation sexuelle ? »
« Vous avez voté pour qui ? »
« Vous êtes musulman ? »
Pourquoi ce genre de questions ?
Un test de vos limites. Vous ne devez pas tout accepter de la part d’un jury. Ce serait un signe de faiblesse et un manque de personnalité. En posant des questions qui relèvent de votre sphère intime, privée, le jury peut faire de la provocation pour voir votre réaction. Si vous acceptez sans difficulté que le jury pénètre exagérément dans votre vie privée, ce sera mal vu. Vous n’avez pas à révéler le plus profond de votre vie privée en public; ce ne serait juste pas à-propos. Par ce procédé, le jury peut aussi mesurer, du coup, votre relationnel : car il ne suffit pas de refuser, il faut bien le faire, avec les formes.
Une recherche de personnalité. Si ce n’est pas de la provocation, c’est juste un débordement involontaire du jury. Il ne place sans doute pas le curseur de l’intimité au même endroit que vous. Il ne faut surtout pas lui en vouloir car vous êtes en entretien de personnalité. Donc, on s’intéresse à votre espace personnel. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le jury se faufile dans votre sphère privée, en tout cas, qu’il essaie. Il recherche votre personnalité. La frontière entre le personnel et l’intime, le privé est très mince, ce qui peut donner lieu à des débordements.
Où est la frontière ?
Il y a deux frontières :
- Provocation / pas provocation
- Trop loin ou pas trop loin ?
Il est difficile de vous donner ici une réponse nette car c’est de la casuistique, du cas par cas si vous préférez. Retenez les deux points suivants :
- Le jury cherche à mieux vous connaître et pénétrer votre quotidien, vos pensées, vos façons de faire… fait partie du jeu. Donc ne vous alarmez pas de questions personnelles. C’est important de le préciser car nous êtes, en tant que candidat, tellement peu habitués à cela, qu’il ne faudrait pas que vous voyiez toute question personnelle comme une question qui heurte votre intimité.
Exemple : « Que pensez-vous de la politique du gouvernement ? » est une question légitime.
- La frontière de l’intime, c’est vous qui allez la ressentir. Vous savez que les questions personnelles sont normales, si le jury pousse un peu plus loin que cela, vous vous en rendrez compte.
Exemple : « Pour qui avez-vous voté ? »
Vous voyez bien qu’un cap a été franchi par rapport à la question précédente.
Si vous prenez pour intime ou privé ce qui ne l’est pas (vous faites donc une erreur d’appréciation), ce n’est pas très grave car la réponse faite au jury pour lui signifier qu’il dépasse les bornes est toujours subtile. Jamais frontale. Donc, vous n’enverrez pas sur les pâquerettes un jury, jamais. Tout est fait en douceur. Donc pas de risque d’en faire trop, même si votre réponse est jugée un peu frileuse.
La réaction à avoir dans le cas où le jury passe la limite
Tout se fait en douceur par un savant mélange de fermeté, d’ironie et de sourire. Vous devez être à l’aise avec votre rejet de la question du jury.
Vous avez deux possibilités :
- Le refus net de livrer votre intimité
Montrez que vous avez du caractère, mais tout en subtilité. Il est hors de question de signifier au jury qu’il va trop loin en étant désagréable et en lui faisant la morale sur un ton assassin :
NON : « Désolé, mais je n’ai pas à répondre à cette question ! »
NON : « Je ne vois pas très bien ce que cela vient faire dans l’entretien. »
Si le jury testait vos limites, vous l’aurez satisfait en ce que vous n’êtes pas prêt à tout, mais vous le mécontenterez sérieusement en étant désagréable et en jugeant ce qu’il doit dire ou faire. Suicidaire !
Vous devez donc énoncer sur le fond une réponse nette, sans ambiguité, mais sur la forme, pleine d’esprit malin ou d’une douce ironie.
Pour ce faire, vous pourrez motiver votre refus par l’un des éléments suivants :
- La disposition« Ce n’est pas l’envie de vous répondre qui me manque. Mais la pénétration de ma sphère privée, intime, c’est une question de disposition. Au moment où l’on se parle, je ne suis pas vraiment en disposition » (sous-entendu, ce n’est pas un moment où j’ai envie de parler de mon intimité, c’est un moment public) (sourire)
- Le temps« Vous savez, l’intimité entre des personnes vient lentement. L’entretien ne dure pas assez longtemps pour que nous entrions à ce point en intimité (sourire) »
- Le « sacré »« L’intimité se mérite. Et quand deux personnes livrent leur intimité, c’est quelles sont devenues proches. Me livrer maintenant serait du gâchis; mais une ou deux années dans le programme devrait permettre d’entrer plus en intimité. »
- Le contournement de votre intimité
L’idée est ici de dire au jury, toujours avec un esprit malin, qu’il n’est pas besoin d’aller aussi loin dans votre sphère privée pour parler du sujet en question.
« Pour qui avez-vous voté ? »
« Je ne crois pas que vous ayez besoin d’entrer à ce point dans mon intimité (au point de connaître mon vote), pour que nous puissions discuter politique (sous-entendu, parlons du fond, je peux développer des analyses sans avoir à vous dire pour qui je vote). »
Vous essayez dans ce cas de rebondir sur le sujet, sans passer par la case intimité. Dans l’exemple ci-dessus, vous développez un sujet de fond sur la politique économique, sociale, industrielle… (sujet que vous avez sans doute préparé comme sujet d’actualité).