Les petits mots pollueurs : « Euh », « Fin », « Ben »…

• Elles marquent le doute et l’incertitude. Ce n’est pas optimal dans une épreuve dans laquelle vous devez convaincre.
• Elles nuisent par ailleurs à la clarté du discours. La moindre des choses est de livrer au jury un discours clair, qui ne soit pas entrecoupé de scories verbales qui alourdissent le propos. Vous pouvez avoir le propos le plus pertinent possible, impeccable sur le fond mais qui, pollué par ces interjections, perd en fluidité et donc perd le jury. Le jury a une digestion partielle et difficile, ne lui rendez pas la tâche plus difficile encore.
• Elles nuisent au dynamisme du discours. Tous ces mots ont tendance à ralentir le rythme de votre discours en le faisant traîner. Or, le jury a besoin de pêche !
• Elles ne font pas « propres ». Ces interjections sont légitimes au primaire, au collège ou lorsque vous êtes pendu au téléphone avec votre meilleur pote, mais pas dans cette situation. Le respect, oui, osons ce mot, exige que votre propos soit propre. C’est du même ordre que de venir à l’entretien avec un costume ; vous ne viendriez pas avec un bermuda déchiré. C’est pareil, mais appliqué au discours.

Il est souvent préférable de prendre deux secondes pour réfléchir et organiser sa pensée plutôt que de se confondre en interjections du genre « Euh », « Fin », « Ben ».

Les « euh » sont aussi générés par une vitesse de parole beaucoup trop rapide. Le problème est que votre débit de parole dépasse la vitesse de production de votre cerveau. Si bien que, toutes les 10 secondes, vous placez un « euh » pour combler l’absence de production cérébrale. Ralentissez le rythme, vous verrez que les scories vont disparaître naturellement ; votre parole sera en phase avec votre cerveau.

S’entraîner

La difficulté vient de ce que, souvent, l’on ne se rend pas compte que l’on place autant de scories dans son discours. Il faut passer par une simulation, avec un ami par exemple, pour révéler le problème. Il faut une écoute extérieure.

Il m’arrive très souvent, dans les jurys de simulation, de couper les candidats en leur demandant de ne plus dire « euh » par exemple. Mais l’exercice est malaisé ! Ne plus glisser, d’un coup, un seul « euh » dans le discours est quasi-mission impossible et les candidats bloquent immédiatement. Il est donc important de détecter cette mauvaise habitude du langage pour y remédier au plus tôt.

La méthode est la suivante :

• Prenez un vos points-clés et entraînez-vous dessus. La seule solution pour régler le problème va être de ralentir le rythme mais pas seulement un peu : considérablement. Vous devez avoir l’impression de passer un film au ralenti. Par exemple, cette phrase normalement prononcée en 5 secondes, vous allez la prononcer en 10 secondes

« Ce voyage a duré plus de deux mois. J’étais seule, puis accompagnée d’une nouvelle amie, rencontrée en Iran. »

Oui, c’est lent. Mais ce rythme vous permet d’avoir un contrôle absolu et de ne prononcer aucun « euh ». Ce sous-régime est un régime d’apprentissage. Lent mais sans « euh ».

• Ajustez progressivement la vitesse tant que vous ne prononcez pas de « euh ». Plus vite et sans « euh ». Entraînez-vous à augmenter la vitesse jusqu’à revenir à une vitesse normale.

Les « euh » salutaires

Quelques « euh » peuvent être salutaires. Lorsque vous préparez vos discours, particulièrement l’introduction, cela peut facilement se ressentir si vous n’avez pas « assoupli » vos propos. « Assouplir » consiste à mettre quelques imperfections, quelques moments d’hésitation, de recherche de mots, qui laisseront croire au jury que vous parlez spontanément et ne répétez pas scolairement votre discours appris. Dans ce cas-là, quelques « euh » ajoutent de l’authenticité à votre entretien. Donc ne jetons pas un discrédit total sur les « euh ».