La réponse immédiate, celle que tout candidat donne est « non ». La bonne réponse à cette question est aussi « non ». Donc votre intuition est la bonne. C’est souvent dans l’explicitation de la réponse que vous faiblissez.
« Plaire » signifierait que vous vous dotiez de vos plus beaux atours (jusque-là, c’est ce que vous faites et il n’y a pas de problème) pour donner au jury ce qu’il a envie d’entendre (et, là, ça pose problème). Plaire implique donc que vous ayez compris parfaitement ce qu’attend le jury et que vous adaptiez votre discours pour le mettre en harmonie la plus parfaite possible avec ses attentes, quitte à travestir la vérité. Et ça, c’est moyen.
« L’art de plaire est l’art de tromper », Vauvenargues
« Ne jamais parler de soi aux autres et leur parler toujours d’eux-mêmes : c’est tout l’art de plaire », Edmond et Jules de Goncourt
« Plaire » comprend une charge affective très forte. Or, si on ne peut nier qu’il y a de l’affectif dans un entretien et dans la décision prise par le jury, il y a surtout une analyse très « rationnelle » de votre candidature. Vous cherchez à « convaincre » le jury, pas à lui plaire. « Convaincre » a une dimension par ailleurs active : vous partez de ce que vous avez entre les mains (votre CV) et vous cherchez à expliquer au jury pourquoi vous avez votre place. « Plaire » a, au contraire, une dimension passive : vous partez de que l’on attend de vous et vous vous adaptez.
« Plaire » est enfin une démarche unilatérale. C’est votre action vers le jury. Mais l’entretien est un échange et une rencontre. Il n’y a pas une partie qui cherche à plaire à l’autre. Il y a deux parties qui ont intérêt à se rencontrer pour savoir si elles ont un bout de chemin à faire ensemble. Et le jury, dans bien des cas, est aussi là pour vous convaincre. Donc, vous pouvez signifier au jury que « nous sommes là pour nous convaincre mutuellement ».
« Plaire » donc, au final, fait très lèche-cul, passif, affectif et unilatéral.