« Je n’ai pas fait de voyages incroyables ; je suis juste parti à Londres et à Berlin. C’est nul, non ? »
Absolument pas. Ne croyez pas que l’intensité de votre propos repose sur l’exotisme attaché à vos voyages, au nombre de miles parcourus ou à la quantité d’insectes que vous avez mangés. D’ailleurs, plus les voyages sont de cet ordre, plus la promesse est grande pour le jury et le plus souvent elle est déçue. C’est bien d’être parti à l’autre bout du monde mais il faut assurer devant le jury. Les expériences moins lointaines, plus courtes peuvent être des supports tout aussi intéressants.
Ce qui importe est :
- Votre autonomie. Avoir parcouru la moitié de la planète, être allé dans des pays très lointains, c’est bien. Mais si c’est accompagné de papa et maman, financé par ces derniers, si vous n’aviez alors que 14 ans et que vous ne montrez jamais une forme d’autonomie, dans les actions sur place ou dans le regard exercé, peu de chance que vous parveniez à convaincre le jury.
- Ce que vous avez fait. Et là, il n’est pas question de distance parcourue ou d’exotisme. Avoir découvert une scène artistique, une cuisine très particulière, un lieu marquant, un cinéma que vous ne connaissiez pas, avoir pratiqué un sport nouveau… sont autant d’actions qui sont accessibles à courte distance. Donc, bye bye l’exotisme.
- Ce que vous en avez retenu. C’est le regard du voyageur éclairé. Combien de candidats sont partis à l’autre bout du monde et ne savent dire que « c’était enrichissant », « j’ai découvert autre chose » ? Bref rien. Ou alors des banalités : « c’était pauvre mais les gens ont l’air heureux » ? Il n’y a pas besoin d’aller loin pour tirer des choses épatantes et structurantes de son voyage… et surtout intéressantes pour le jury. Vous pouvez partir à Saint-Ouen pour la journée, vous aurez sans doute plus de choses à raconter qu’en vous rendant à Sao Paulo !
C’est fini le temps des colonies ! L’exotique n’a plus grand chose d’exotique.
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