Cette expression est très souvent utilisée par les candidats et pourtant, elle est malheureuse. Elle semble impulsée par une bonne intention : vous doutez du fait que le jury connaisse le sujet que vous vous apprêtez à aborder, et vous prenez la précaution de le sonder.
« J’ai travaillé deux années consécutives dans une ferme en Lombardie ; je ne sais pas si vous connaissez ?! »
« Je suis un grand amateur du cinéma de Jacques Tati ; je ne sais pas si vous connaissez ?! »
Mais c’est une mauvaise idée ; oubliez ! Pourquoi ?
- D’abord le ton, moitié interrogatif, moitié exclamatif. Remarquez que cette expression, lorsqu’elle est utilisée, est toujours dite sur un ton hybride (prononcez une des phrases ci-dessus, vous allez voir). Du coup cela créé une sorte de malaise car le jury ne sait pas s’il doit répondre ou pas et cela donne un ton « mollasse » à votre propos. Et, au fond, vous, avez-vous vraiment besoin de savoir si le jury connaît ? Non, c’est simplement un marqueur de manque de confiance en vous.
- Ensuite, l’inculture du jury. Le jury n’a pas tout le pouvoir (rappelez-vous que vous en détenez une sacrée partie) mais il se croit tout puissant. Et le Tout-puissant ne peut être sondé ainsi et surtout ne peut pas être mis en difficulté. Imaginez, cela pourrait le mettre en faiblesse vis-à-vis de vous (pas terrible, cela casserait le mythe) et/ou vis-à-vis des autres membres de jury. Voilà pourquoi presque systématiquement, dès que cette question est posée, vous voyez le jury baisser les yeux. Il est mal à l’aise ; et il vous en voudra de l’avoir mis dans cette situation.
- Enfin, cela n’apporte pas grand-chose. Partez du principe que le jury ne connaît pas (si vous posez la question, c’est qu’il y a possibilité qu’il ne connaisse pas de toute façon) et explicitez au maximum votre propos.
« J’ai travaillé deux années consécutives dans une ferme en Lombardie ; région au nord de l’Italie, comprenant la ville de Milan. C’est la région la plus puissante et riche d’Italie, connue pour son industrie, moins pour son agriculture, pourtant il s’agit de l’origine-même de la richesse, historique, de cette région. »