Pourquoi ?
Le mot paraît simple et évident. « Evidemment que c’est un échange ! » avez-vous sans doute envie de me dire ! En plus, ce mot fleure bon le langage sucré que vous délivrent les écoles et programmes pour vous dire que tout va bien se passer. Mais, vous, dans votre tête, vous le voyez comme une lutte, comme rien d’autre ! Eh bien, il va falloir que vous inversiez vos neurones, que vous fassiez passer le cerveau droit dans le gauche et vice versa parce qu’il doit bien s’agir d’un échange. Il va falloir vous y faire : l’échange n’est pas un mot gentil et convenu pour vous rassurer ou vous décrire une philosophie virtuelle de l’entretien, c’est un impératif ! Et pourtant, vous n’êtes même pas 1 sur 10 à vous inscrire dans cette philosophie !
Il est essentiel de vous expliquer pourquoi il est si important que vous conceviez l’entretien comme un échange. Je liste ici les points importants. Ils sont tous développés longuement dans des fiches indépendantes.
- Une situation artificielle. Contrairement à ce que l’on peut vous dire, il ne suffit pas d’être naturel dans l’entretien. Car l’exercice n’a rien de naturel pour vous. Comment voulez-vous être naturel dans une situation qui ne l’est pas, vous retrouver à parler de vous face à 2 ou 3 inconnus ? Dans ces conditions, un échange n’est pas naturel non plus; un échange se créé et s’entretient. Il faut en avoir conscience.
- Une situation contingente. Toutes les configurations sont possibles. Elles reposent sur le caractère du jury, son humeur du jour, la qualité des candidats précédents, l’interprétation de votre dossier, les idées et vision du jury. Il ne suffit donc pas de dire « Voici ce que j’ai à dire » et le tour est joué ! Il va falloir tisser un discours, inventer, créer des ponts, fabriquer au fil de l’eau pour faire exister un échange.
- Le syndrome du piège. Vous partez presque tous avec l’idée que vous allez vous faire piéger à un moment, salement dans un coin de l’entretien. Vous êtes tous dans une optique quasi-guerrière. Sauf que le jury ne cherche que rarement à vous piéger. Si, si, c’est vrai; ce ne sont pas des mots pour vous apaiser ! Il faut que vous sortiez de cette idée que le jury est là pour vous piéger. Il s’inscrit bien dans un échange.
- Un rapport de quasi-collaboration. Vous n’êtes pas d’égal à égal avec le jury et vous l’êtes d’autant moins que la formation à laquelle vous postulez est sélective. Il n’empêche que deux éléments doivent vous inciter à penser que vous êtes bien dans un échange. D’abord, le jury, comme vous, est dans une situation délicate. Oui, oui, sachez-le, il a une énorme responsabilité, celle de vous inclure ou vous exclure de la prochaine promo et donc de décider de la qualité de cette promo. Ensuite, plus vous serez avancé dans vos études et plus le jury, pour vous admettre ou non, essaiera de vous imaginer comme futur « pair ». « Est-ce que cette personne, je peux la concevoir comme un de mes semblables ? ». Pour pouvoir répondre favorablement à cette question, il faut encore que la discussion soit équilibrée, qu’il y ait un véritable échange et non une épreuve de garde de vue, qui vous éloignerait de la situation de pair.
Comment ?
- Faire abstraction du ton du jury et de la forme de l’entretien
Vous ne connaissez pas votre jury et encore moins la configuration de votre entretien. Mais il est hors de question que la réussite de votre entretien et donc votre admission soit soumise à des contingences. On ne prépare pas un concours ou un examen pendant 3 mois, 1 an, 2 ans ou 3 ans pour être soumis à la roue de la fortune le jour J. Vous ne pouvez vous laisser perturber par des configurations d’entretien différentes. Il faut que vous créiez les conditions d’un échange intelligent quelle que soit la configuration.
- Alimenter l’entretien
L’entretien n’est pas :
- une partie de Questions pour un Champion
- un interrogatoire de poste de police
- un tête-à-tête avec l’assistante sociale
Quel lien entre ces trois expériences ? Vous êtes passif et vous attendez les questions. Vous vous laissez guider. Or un échange implique une alimentation commune, des deux parties. Vous devez alimenter l’entretien comme le jury. Vous avez même le pouvoir d’influer fortement sur ce que va être le contenu de cet entretien. Vous avez un rôle actif. Actif ne signifie pas que vous devez intervenir de façon intempestive; non, cela signifie que vous avez un rôle de proposition, d’alimentation en contenu, comme le jury.
8 commentaires sur “L’entretien de personnalité/motivation est un échange, absolument”