Il y a les leviers de légitimité les plus courants, mais il y en a encore d’autres. Franchement, il va devenir difficile pour vous de dire que vous n’avez aucun élément de légitimité pour votre projet !!
La nationalité
Vous êtes Bulgare ? Viêtnamien ? Allemand ? Américain ? Votre nationalité peut venir appuyer votre projet.
D’abord parce que vous maîtrisez la langue, mais ça c’est un autre point. Concentrons-nous plutôt strictement sur la nationalité. Elle peut véhiculer :
- La connaissance d’une zone géographique
Votre projet contient une dimension internationale ? La connaissance d’une zone géographique, de la culture d’un pays ou d’un groupe pays, est un élément crédibilisant.
- Des habitudes multi-culturelles
Les écoles raffolent des profils multiculturels, capables de passer d’un pays à un autre, d’une culture à une autre. Donc quelle que soit votre nationalité, vous crédibilisez tout projet ayant une forte dimension internationale : achats, business development, institutions internationales, management de projet.
Attention aux doubles ou triples nationalités étiquettes, qui sont de purs détails administratifs, sans réalité concrète : vous avez la nationalité espagnole de fait, mais n’avez jamais mis les pieds en Espagne, ne parlez pas espagnol et la culture espagnole vous est totalement étrangère.
Les périodes longues à l’étranger
Vous avez vécu 2 ans au Bénin ou 10 ans au Brésil ? Cela vous donne un sacré argument. A condition que vous n’affichiez pas une attitude passive. Car il n’y a pas de secret, en général, quand vous êtes parti si longtemps, ce n’est pas de votre fait; vous avez suivi vos parents en expatriation. C’est donc normal; il faut seulement que vous montriez que si cette expérience vous l’avez effectivement « subie », elle vous a concrètement nourri. Trop de candidats se contentent de dire « j’ai passé 10 ans au Brésil », comme si cela avait de la valeur en soi. Passer 10 ans dans un lycée français, dans des quartiers d’expatriés, sans parler la langue locale, ça ne fera pas briller les yeux d’un jury, au contraire, cela l’agacera de voir un gâchis de 10 ans.
Bon exemple d’un candidat qui postule à Sciences Po et défend un projet dans le journalisme : « J’ai passé 10 ans de ma vie au Brésil, entre mes 4 ans et mes 14 ans. J’ai vécu à Sao Paulo, dans la capitale économique. J’y ai appris la langue, le portugais, que je parle couramment depuis mes 6 ans; j’ai découvert une société que l’on caractérise souvent de manière binaire (les riches, les pauvres) mais qui affiche, en filigrane, des clivages plus fins mais incroyablement plus structurants à mon sens; j’ai été par ailleurs, moi Français, laïc, baigné dans une culture populaire religieuse, où Dieu s’affiche jusque dans les banques et ou les abords des Eglises sont des lieux de débauche. »
—> Bon exemple car non seulement le candidat montre son implication mais il en fait, discrètement, mine de rien, un élément de légitimation de son projet puisqu’il évoque des sujets sociétaux qui l’ont marqué, dont il a fait l’expérience.
Les voyages
Les voyages peuvent paraître comme un point de légitimité bien mince. Oui, si vous ne leur donnez pas la consistance suffisante. Mais un voyage dont vous avez beaucoup appris et dont vous êtes capable de parler densément avec le jury peut être tout à fait crédible.
Exemple d’un voyage court : « Je suis parti 2 semaines en Bolivie l’année dernière, essentiellement dans les Yungas, zone tropicale coincée entre la Cordillère des Andes et la forêt amazonienne. Ce voyage pourtant court a été un catalyseur important dans l’élaboration de mon projet. J’ai rencontré là-bas un homme qui compte beaucoup dans la région puisqu’il pilote des projets de développement de productions de café équitable. J’ai rencontré en 10 jours plus de 10 producteurs de café, j’ai assisté à une réunion du syndicat des producteurs, à la venue d’acheteurs américains. Le commerce équitable a pris une réalité qu’il n’avait pas auparavant et j’ai mesuré combien c’était rendu possible par une poignée d’hommes, sur le terrain. »
—> Bon exemple d’un candidat voulant appuyer un projet en ONG, ou sur le commerce équitable, ou sur des formes alternatives de commerce ou encore en entrepreneuriat (puisqu’il valorise le rôle pris par quelques hommes, des entrepreneurs).
Mais, allez-vous me dire, c’est rare que les voyages soient aussi sérieux. Que puis-je faire avec un voyage plus « classique » ?
Exemple d’un voyage plus classique : « Je suis parti 1 semaine à Londres cette année. C’était ma première fois et j’y ai découvert une scène artistique différente de celle que je connais en France. Cela ma donné des idées. J’ai apprécié notamment un mélange des Arts que j’ai moins l’habitude de rencontrer à Paris, où la segmentation est à mon avis plus importante. Ce voyage, pourtant court, m’a énormément inspirée. »
—> Bon exemple d’un candidat voulant travailler dans le monde de la culture.
Ce sera encore plus crédible si vous évoquez plusieurs voyages du même type, même à des endroits différents. Quand votre argumentaire repose sur un seul voyage, l’affaire peut apparaître plus anecdotique; vous devez appuyer cette expérience en montrant qu’elle a été révélatrice… Quand vous avez plusieurs voyages à l’appui, l’argument est plus solide du fait de la récurrence.
Exemple : « J’ai effectué plusieurs voyages en Europe essentiellement, souvent dans des capitales : Londres, Sofia, Rome, Berlin, Copenhague. J’ai adoré à chaque fois m’arrêter sur des produits que je connaissais mais mis en avant différemment, par la publicité, le packaging, les couleurs, le nom, le slogan. C’est quasi-frénétique chez moi, j’adore ce passage d’un pays à l’autre, pour y observer les constances et différences, à partir d’objets très précis. »
Les langues
La pratique d’une langue étrangère est un élément de légitimité. Elle l’est quel que soit votre niveau de langue. Mais pas avec la même intensité. A savoir, donc :
- Les langues courantes (anglais, allemand, espagnol), pour faire leur effet, doivent être bien maîtrisées.
- Les langues rares ont moins besoin d’être maîtrisées pour produire de l’effet.
- Proportionnez votre projet à la maîtrise de la langue. Ne dites pas : « Mon projet est de travailler en Chine » alors que vous pratiquez le chinois depuis un an. En revanche, vous pourrez dire : « Je suis très sensible à l’Asie, en particulier à la Chine; j’ai d’ailleurs commencé à apprendre le chinois cette année; pourquoi pas commencer là-bas d’ici quelques années. » Donc, retenez qu’une langue peut appuyer un projet de façon proportionnée à sa maîtrise. Si vous ne maîtrisez pas bien la langue, émettez des hypothèses, des envies.
Vos expériences de vie
« Les expériences de vie » sont là pour désigner en gros tout ce qui n’entre pas dans les autres catégories. Il peut y avoir une quasi-infinité de points de légitimité pour votre projet.
Exemple : une perte de poids massive. Guillaume a connu une obésité morbide et s’est pris en main pendant 2 ans et a perdu plus de 50 kg. Il utilise cette expérience de vie pour justifier son projet dans l’agro-alimentaire (avec un intérêt pour les questions de nutrition équilibrée).
Une « philosophie », une inspiration
Le métier vers lequel vous vous dirigez peut être empreint d’une philosophie, de principes avec lesquels vous êtes en accord. Cette philosophie, ces principes peuvent vous êtes inspirés par des personnes en particulier. Attention, vous devrez avoir du répondant sur la personne, la philosophie ou les principes évoqués.
« L’entrepreneuriat et la création m’animent depuis le jour où j’ai lu un article portant sur Richard Branson à l’époque où il lançait Virgin Galactic. L’homme d’affaires expliquait qu’il ne fallait pas hésiter à se lancer, même dans un domaine où l’on ne connaît que peu de choses. J’aime la faculté qu’a l’entrepreneur d’insuffler sa vision du monde dans son projet. Il doit contribuer à façonner le monde de demain par le biais de son entreprise. »