Vous osez parfois à peine en parler, sans doute parce que vous trouvez qu’ils font pâle figure à côté de stages de première catégorie, dans de belles entreprises du CAC 40. Vous avez tout simplement tort.
Une question de niveau
Vous êtes bacheliers ou jusqu’à bac+2 – Les petits boulots sont précieux car il s’agit en général de vos seules expériences professionnelles. Précieux signifie qu’il est hors de question de les mettre de côté, il faut au contraire en parler. A ce stade, c’est un atout car tout le monde n’a pas forcément d’expérience et les jurys apprécient.
Vous êtes bac+3 ou 4. A ce stade, les petits boulots sont encore des éléments importants. Il est vraisemblable que vous ayez des stages plus consistants à évoquer ; ils seront prioritaires. Mais le jury cherchant à ce stade encore des potentiels, des personnalités, il ira volontiers vous chercher sur ce terrain.
Vous êtes bac+5. Les petits boulots passent clairement au second plan et peu de chances que le jury vienne vous chercher dessus ou s’en contente. A évoquer si et seulement si vous en avez tiré une expérience extraordinaire ou si cela a alimenté nettement votre cheminement professionnel.
Pourquoi il faut en parler
Certains d’entre vous hésitent à parler de leurs petits boulots. Vous les voyez comme pas très nobles. C’est vrai qu’un poste de vendeur de glace sur la plage des Sables d’Olonne, cela claque moins qu’un stage en private equity chez Goldman Sachs. Certes. Mais vous vous trompez quand même sur les petits boulots. Pourquoi sont-ils importants ?
- D’abord vous démontrez votre capacité à chercher du travail. Cela valorise votre capacité d’action. Ne pas passer ses étés à siroter ou ses week-ends à faire du shopping avec ses amis est vraiment un bon point. Vous avez cherché, vous vous êtes débrouillé.
- Ensuite, les petits boulots ne sont pas forcément les plus épanouissants ou intéressants. Votre capacité à vous engager dans des activités, même laborieuses, peut rassurer le jury sur votre flexibilité et votre disponibilité dans le monde du travail.
- Ils sont aussi l’occasion de vous familiariser avec le monde de l’entreprise, ses horaires, ses relations de travail, ses exigences…
- L’indépendance. Le jury cherche des individualités, pas des fils de, pas des élèves, non des personnes capables de se prendre en main. Avoir travaillé pendant les étés, durant ses études, est le marqueur d’un souci sinon d’indépendance au moins d’autonomie, dont financière.
- Un révélateur. Les petits boulots sont l’occasion de révéler des qualités mais aussi un intérêt pour un secteur ou pour une fonction. Vous vous intéressez au monde du cinéma ? Travaillez dans un cinéma les week-ends ! Vous êtes fan d’automobile ? Utilisez votre été pour travailler dans un garage ! Vous voulez entreprendre ? Donnez des coups de main à des entrepreneurs ! Aucune raison que votre crédibilité professionnelle repose uniquement sur des stages.
Mais ces raisons là, vous les connaissez déjà. Vous en oubliez toutefois deux :
- Les « petits boulots » sont aussi l’occasion de faire l’acquisition de compétences.
- Vous n’acquérez peut-être pas de compétences, mais vous pouvez néanmoins vous être fait observateur. Que peut-on observer en situation d’emploi, susceptible d’intéresser le jury ?
- Les relations de travail, les types de management
- Le modèle économique de l’entreprise
- Les pratiques des consommateurs, l’application ou non des théories apprises
Certains petits boulots peuvent ainsi être plus signifiants, véhiculer plus de choses sur vous qu’un stage. La frontière d’ailleurs entre un petit boulot et un stage est parfois mince ; il n’est donc pas rare d’avoir des petits boulots plus responsabilisants, plus impliquants que des stages (stage-cafés, stages-photocopies).
- Parce que lorsqu’un stagiaire est en situation d’apprentissage par un « maître » (s’il vous plaît) de stage, le titulaire d’un travail est considéré être un salarié comme un autre.
- Si ce que vous faites n’est pas toujours des plus glorieux, la condition de stagiaire n’est guère plus reluisante et rares sont les stages dans lesquels vous aurez des tâches d’une richesse incroyable.
- La richesse des petits boulots repose aussi beaucoup dans ce que vous observez et n’est pas seulement dans ce que vous faites, ne l’oubliez pas : suscitez des réflexions, faites des observations sociologiques, organisationnelles…
Allons plus loin encore ! Si vous avez encore l’occasion de réaliser des petits boulots, sachez que ceux-ci peuvent être l’occasion d’avoir des expériences dépassant très largement les stages en originalité et consistance. En effet, le cadre est souvent plus souple et vous pouvez décrocher des missions parfois incroyables :
Exemple : chargé d’accompagner des colis hyper-urgents en avion dans le monde entier.
P.S. : Le nom « petit boulot » n’est pas très valorisant. Evitez d’utiliser ces termes ; vous pouvez parler d’emploi, de travail, d’expérience. Bon, pour la pédagogie, on continuera de l’utiliser pour développer cette partie !
Une acquisition plus rapide qu’un stage. Il est plus facile de trouver un petit boulot qu’un stage. Mais surtout, vous avez entre vos mains une flexibilité que vous donne plus difficilement un stage, surtout si vous ne faites pas que répondre à une offre. Vous pouvez proposer votre aide. Autrement dit, si vous êtes en galère d’expériences, il est très facile d’obtenir une expérience professionnelle par ce biais, en peu de temps, dans des fonctions ou secteurs au coeur de votre projet, à la condition que vous ne soyez pas trop exigeant (du tout même) sur la rémunération.
Modération
Les petits boulots sont importants, mais il faut tempérer :
- Plus vous êtes avancé dans votre parcours universitaire et moins les petits boulots auront de poids dans votre candidature ; sauf si le niveau de responsabilité est grand.
- Il ne faut pas à l’inverse les survaloriser s’ils ne le méritent pas ; vous pourriez donner l’impression d’être déconnecté de ce que l’on attend de vous à ce niveau. Donc, n’hésitez pas à travailler le contenu avant, à bien donner de la consistance à votre propos avant d’y faire référence.
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