Les arguments irrecevables pour justifier une école/un programme

Le prestige

Ne parlez pas directement du prestige de l’école ou du programme. Vous seriez taxé de venir chercher une estampille ou des lauriers. Vous venez d’abord chercher des compétences.

—> De façon plus subtile vous pouvez néanmoins avancer :

  • la bonne renommée qu’a l’école au niveau international. L’école est connue et reconnue, ce qui s’avère essentiel puisque vous envisagez une carrière totalement internationale.
  • La reconnaissance de l’école par les professionnels. « L’ESSEC fait partie des écoles qui sont très appréciées des banques d’affaires; c’est donc important pour moi d’intégrer une école qui est jugée de qualité par les entreprises que je vais solliciter. »

Le classement

L’argument n’est pas bon pour deux raisons :

  • Les classements sont pour la plupart bidons. Et même les jurys n’y croient pas. Donc cela vous rend très naïf pour le jury. On se dit que vous gobez quand même pas mal de choses, que vous n’avez pas assez de recul; c’est le critère d’analyse qui en prend un coup.
  • Cela ne vous inscrit pas dans une démarche curieuse, active, du candidat qui est convaincu de postuler au bon programme parce qu’il a cherché, creusé. Vous passez pour le spectateur, lecteur de journaux, qui va à la facilité.

Les classements doivent être pris pour ce qu’ils sont :

  • Une hiérarchie des écoles fondée sur des critères. Les classements déterminent et distribuent bons et mauvais points, établissent un ordre à partir de ce qu’ils estiment être les critères d’évaluation les plus pertinents. Donc, votre regard doit toujours porter sur les critères du classement. Car évidemment ils sont souvent constestables et contestés (les écoles mal classées n’hésitent pas à descendre ces classements, évidemment et parfois avec raison).

Ex : une école comme l’Institut d’Optique, école d’ingénieurs de pointe, parmi les toutes meilleures en France est classée généralement entre la 20e et la 25e place et cela du fait de sa spécialisation et de sa petite taille. Pourtant elle dépasse bien des écoles en moyens de recherche (relativement au nombre d’étudiants et non en volume)

  • Un travail plutôt approximatif. Imaginez quand même que les données récoltées par ceux qui font les classements sont déclaratives, c’est-à-dire que les écoles remplissent des formulaires, donnent des réponses qui ne sont pas vérifiées. Alors évidemment, si elles trichent, elles agissent avec discrétion (les questions sont interprétées favorablement), mais quelques variations de données peuvent suffire à faire sensiblement changer les classements. L’honnêteté n’est pas toujours de mise.
  • Des marroniers qui font vendre. L’immobilier, c’est en septembre. Les classements c’est en novembre. Et ça fait vendre… surtout lorsque dans les classements il y a quelques nouveautés. Enfin, pas trop non plus parce qu’ils doivent rester crédibles !
  • Parfois des petits arrangements entre amis/clients. Il ne faut pas être mauvaise langue certes mais certains classements sont passés maîtres dans l’art de l’ambiguité. Les classements sont l’occasion de vendre des espaces publicitaires aux écoles et parfois même, les bonnes places s’achètent. Si, si !

—> faites plutôt référence à ce pourquoi le programme est bien classé : son expertise, ses professeurs, sa pédagogie, sa reconnaissance par les professionnels… On en revient donc aux arguments légitimes.

Le réseau

On ne vient pas dans une école pour son réseau !! Et là, j’entends déjà les cris de contestation. Eh bien non ! Pour être exact, il faut procéder en deux parties.

  • Le réseau peut être un argument. Certaines écoles ou certains programmes ont des réseaux importants, puissants pour certaines, ou en tout cas qui aiment se dire puissants (mais comme les jurys sont les premiers à y croire, disons qu’ils sont puissants). Je ne vais pas ici vous faire une longue tirade sur ma conviction que les réseaux sont, pour l’utilisation à outrance qui en est fait, un pipeau sans nom, un vrai argument marketing pour beaucoup de programmes, c’est tout. Mais ne compliquons pas la tâche, admettons qu’il y ait réseau; et puis dans certains métiers, le réseau des anciens peut s’avérer un sacré atout car les portes de sorties professionnelles sont étroites (écoles d’art, de création, postes prestigieux dans la banque…). On peut admettre donc qu’un réseau puisse être utile.
  • Mais cela ne se dit juste pas. D’abord parce que l’impression que vous laissez est celle d’une personne très utilitariste, qui vient se servir du réseau, qui vient puiser. Vous aurez beau ajouter, comme certains le font, que le réseau, vous êtes prêt à le servir autant que vous vous en servirez, voire plus. Cela ne suffira pas. Vous serez cramés, on serez vu comme quelqu’un qui vient chercher la facilité, comme un suceur de sang, un siphonneur de réservoir ! Même si vous mettez le réseau en 3e ou 4e argument ? Aussi, car on vous suspectera sans doute de ne pas l’avoir mis en 1ere ou 2eme position « parce que ça ne se fait pas », « parce que ça aurait fait mauvais genre ». Dans ce genre de cas et quand le jury insiste, les candidats vendent la mèche et lâchent parfois le fameux : « On ne va pas se mentir, le réseau c’est important. »

A ce moment précis, vous n’êtes pas tout à fait convaincu car l’argument du réseau vous semble quand même légitime. Voici pourquoi : il y a, contenu dans ce que vous appelez réseau, effectivement, des arguments intéressants. Mais ils doivent être extraits de ce mot « réseau », objet de fantasmes infondés et surtout bien creux.

—> Allez directement sur les vrais arguments, plutôt que sur la notion vaporeuse de réseau :

Le « réseau » permet d’accéder à de bons postes —> parlez plutôt de reconnaissance professionnelle du programme avec des exemples précis (voir la fiche consacrée) ou des compétences, de l’expertise délivrés par le programme (voir la fiche consacrée)

Le « réseau » permet d’avoir un vrai esprit de promo pendant la formation—> parlez plutôt de la pédagogie du programme (avec des exemples précis) qui permet de créer ce « réseau ».

La famille

Avoir un frère, un père, une cousine, un arrière-grand-oncle qui est passé par le programme n’est pas un élément de motivation.

—> évoquez la reconnaissance de l’école (voir l’article consacré)

Le marketing des programmes

Attention aux arguments-vitrines mis en avant par les écoles/les programmes, ceux qu’elles/ils étalent à l’envi sur leurs plaquettes : EMLYON Business School est l’école de l’entrepreneuriat, EDHEC Business School est l’école de la finance, ESSEC et son campus de Singapour. Arguments tellement évidents que tout le monde les reprend, sans que cela soit justifié dans tous les cas. Attention aux solutions de facilité : vous ne croyez pas que le jury risque de se fatiguer du 10e candidat de la journée à reprendre le même argument-vitrine ? Bref, vous n’êtes pas obligé de tomber dans le panneau du marketing des écoles/des programmes.

—> Intéressez-vous aux réelles expertises, appuyées par des professeurs, des chaires, des engagements concrets.

Les arguments-plaisir

On pourrait également les appeler les arguments-flatterie. Ne citez pas des arguments juste parce que vous pensez que ça fait plaisir au jury. Elodie s’intéresse au marketing, elle veut travailler en Europe et justifie son choix d’EMLYON. En guise de troisième argument, elle dit : « EMLYON a un campus à Shanghaï et permet à ses étudiants d’aller y passer un semestre ». Cela pourrait être sincère, mais ça ne l’est pas. Elle s’est sentie obligée de placer Shanghaï parce que cela ferait plaisir au jury de l’école, qui a fait de ce campus un élément-phare.

—> Ne vous croyez pas obligé de placer des arguments qui vont plaire. Des sortes de passages obligés. Ne placez que des arguments en concordance avec votre projet.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s