Pourquoi ?
L’écoute. Pour poser une question pertinente au jury, il faut souvent être ou avoir été à l’écoute pour viser juste. Le propos du jury au cours de l’entretien est un très bon support pour poser une question appréciée.
Un marqueur d’intérêt. Quand on pose une question, on se montre intéressé. Celui qui n’a pas de question peut passer pour celui qui s’en fout, n’est pas très impliqué, ne montre pas une grande curiosité.
Une invitation à conclure. Cette question est nettement un signal signifiant que la conclusion approche. Vous êtes vraisemblablement dans les 5 dernières minutes. Que vous posiez ou non une question, vous savez ainsi qu’il vous reste peu de temps pour placer ce qui doit l’être.
Comment ?
- Répondre que l’on n’a pas de question
Oui, on a le droit de ne pas avoir de question à poser ! Avouez que l’exercice de la question n’est pas :
– Très naturel : vous vous sentez souvent obligé de répondre.
– Très opportun : au moment où l’on vous pose la question, vous avez bien plus envie de dire « au revoir » au jury et de quitter la salle. Normal !
Voilà pourquoi dans trois cas sur quatre la question que vous posez est maladroite, on sent que c’est forcé. Et si aucune question ne vous vient, vous êtes souvent embarrassé de n’avoir rien à répondre et vous vous perdez en quasi-excuses et en points de suspension… Non, assumez !
« Non, je n’ai pas de question particulière à vous poser. »
Vous pouvez vous arrêter là, mais pour ne pas aller à l’encontre des objectifs de cette question (écoute, marquage d’intérêt), prenez bien les éléments suivants en compte :
Montrez que vous n’avez pas de question justement parce que vous vous êtes intéressé au programme en amont :
« Je pense avoir bien étudié le programme, connaître ses spécificités pour formuler une volonté très ferme de l’intégrer. J’espère donc faire partie de la prochaine promotion du Master in Management »
Rebondissez éventuellement sur un élément de votre CV (car la question signale que l’on arrive à la fin de l’entretien) :
« En revanche, si vous permettez, il y a un point important de mon CV dont je ne vous ai pas parlé et dont j’aimerais vous dire quelques mots. »
Ne soyez pas fermé sur cette question. Montrez de l’aplomb et du sourire. Vous ne devez pas passer pour quelqu’un qui ne veut pas répondre. On doit sentir que vous assumez pleinement votre réponse !
- L’interroger sur lui
Attention, l’exercice est difficile. Difficile, car vous risquez de buter sur la niaiserie. Dans trois cas sur quatre vos questions au jury, sur le jury ou un de ses membres, sont niaises :
« Est-ce que vous avez suivi ce programme ? »
« Est-ce que ça vous a apporté quelque chose ? »
« Que faites-vous maintenant ? »
Ce n’est pas du niveau : c’est plat et on sent bien que vous vous forcez à dire quelque chose ! On espère que vous vous êtes renseigné avant votre entretien et que vous n’attendez pas cet avis pour vous décider. Par ailleurs, cela manque d’élaboration.
Si vous voulez poser une question pertinente au jury :
– Revenez sur une question, une observation qu’il a faîte au cours de l’entretien : cela montre que vous avez été à son écoute.
« Vous disiez tout à l’heure : « je vous trouve très malin ». Vous entendiez quoi par là au juste ? »
« Lorsque nous avons parlé cinéma tout à l’heure, vous sembliez sceptique sur mon analyse de Scorcese. Qu’est-ce qui vous a rendu sceptique ? »
– Intéressez-vous à son identité (sa profession, son parcours : il s’est sans doute présenté au début ou au cours de l’entretien) et interrogez-le sur un élément de cette identité qui fait sens pour vous.
« Lorsque vous vous êtes présenté, vous avez dit que vous aviez travaillé pendant 10 ans en finance de marché. Quelle est votre regard sur l’attractivité des métiers du trading aujourd’hui et pour les années à venir ? ». Cette question fait sens parce que vous avez affiché un projet dans la finance.
Si votre projet est dans le management de projet ou le marketing, cette question n’a pas lieu d’être. Il faut partir d’un point d’identité du jury et que cela ait une forme de résonance chez vous. Obligatoire.
- Poser une question sur la formation
Le postulat : si vous candidatez à un programme, c’est que vous le connaissez. On est d’accord ? Si vous arrivez à l’entretien, vous le connaissez encore mieux. On est toujours d’accord ? Conclusion : il est sacrément malvenu de poser une question au jury sur le programme car le message envoyé est que vous n’avez pas étudié suffisamment la question et que vous êtes potentiellement là par hasard ou presque.
A cela, ajoutez le fait que si vous postulez à un programme de grande taille et n’avez pas devant vous un responsable pédagogique, le jury n’aura pas la réponse à votre question. Déjà que les professeurs ne connaissent pas la trame pédagogique, les possibilités d’échange… alors imaginez un professionnel ou un intervenant occasionnel ! Votre question risque tout simplement de faire plouf et de mettre mal à l’aise le jury qui n’aura pas la réponse.
Il ne faut pas exclure toutefois la possibilité de poser une question sur la formation. Vous pouvez poser une question sur
– Un point extrêmement précis. La réponse ne peut être sur le site internet du programme ou sonner comme une évidence.
« Pour postulez au double diplôme avec Centrale il est dit qu’il faut valider au cours de la première année une licence de mathématiques. Est-ce qu’une licence de mathématiques appliquées aux sciences sociales est valable ? »
– Un point susceptible d’actualisation. Si chaque année il y a des changements, vous pouvez aller chercher une information nouvelle :
« Avez-vous déjà une idée de la destination du voyage d’étude ? »
Pour ce type de questions, assurez-vous juste d’avoir devant vous le bon interlocuteur et non un membre de jury incompétent sur la question. Là encore, vous le mettrez mal à l’aise car, dépourvu de réponse, il passera pour défaillant.