Pourquoi ?
- Un temps limité. Un entretien dure entre 20 minutes et 45 minutes en général. Cela peut vous sembler beaucoup, mais c’est peu. Si vous considérez la phase d’entrée, de présentation, quelques hésitations du jury et des moments de latence, vous avez, dans un entretien de 20 minutes à peine 15 minutes exploitables soit 5 points-clés à développer au grand maximum car vous ne pourrez les enchaîner sans phase de transition. Donc, s’il n’y a pas de votre côté une intention de placer des éléments dans cet espace temps limité, on risque de passer à côté de pans entiers de votre candidature.
- Un jury désorienté. Vous voyez souvent le jury comme un monstre impitoyable, vicieux et déterminé. Vous pensez qu’il vous connaît très bien, qu’il a perçu les tenants et aboutissants de votre candidature. Pas du tout. Il est vierge lorsque vous arrivez dans la salle. Rares sont les jurys qui connaissent votre dossier. Donc à chaque nouvel entretien, c’est une nouvelle séquence d’apprentissage expresse qui s’amorce pour le jury. Il doit en apprendre sur vous en un temps record. Alors il se débrouille tant bien que mal, il tâtonne, il vous teste; bref, il fait de son mieux pour percer votre personnalité. Si vous prenez les devants et pensez à alimenter subtilement l’entretien des points-clés de votre CV que vous aurez préparé, à les placer, vous allez mettre le jury sur un chemin qu’il est sans doute ravi de vous voir dessiner. En gros, vous l’aidez.
- Vous, détenteur de la matière. Oui, c’est bien vous qui détenez toute la matière qui doit amener le jury à prendre une décision. Par matière, entendez vos expériences, les points-clés de votre CV. Le jury ne vous met pas une note juste sur votre jolie gueule mais bien sur les signaux qu’envoient les points-clés de votre CV, qu’il faut donc placer. Avoir une attitude passive est donc quasi-suicidaire puisque vous seul détenez la matière pour convaincre. S’il faut faire des pieds et des mains pour aller la chercher, c’est du temps perdu.
- Un échange. L’entretien n’est pas :
-
- une partie de Questions pour un Champion
- un interrogatoire de poste de police
- un tête-à-tête avec l’assistante sociale
Quel lien entre ces trois expériences ? Vous êtes passif et vous attendez les questions. Vous vous laissez guider. Or un échange implique une alimentation commune, des deux parties. Vous devez alimenter l’entretien comme le jury. Vous avez même le pouvoir d’influer fortement sur ce que va être le contenu de cet entretien. Vous avez un rôle actif. Actif ne signifie pas que vous devez intervenir de façon intempestive; non, cela signifie que vous avez un rôle de proposition, d’alimentation en contenu, comme le jury.
Comment ?
L’entretien est une entreprise de placement. Subtil. Mais bien de placement.
- Placer
Le placement implique deux choses :
– Avoir conscience pleinement de la liste des points-clés que vous avez préparée et s’y référer systématiquement pendant l’entretien
– Placer les points-clés (morceaux de 3 minutes) que vous avez préparés
- Subtilement
L’entretien n’est pas un interrogatoire. A l’inverse, il n’est pas non plus un exposé de votre part, que vous imposeriez au jury. La notion d’échange est bien au coeur de l’entretien; il faut donc la respecter.
Dès lors, si votre objectif est de placer vos points-clés, il faut faire attention à ce que ce placement ne soit pas intempestif. Il est donc proscrit de :
- Ne pas laisser parler le jury. Pour faire simple, il ne faut pas parler plus de 3 minutes sans que le jury intervienne; donc évitez d’enchaîner vos blocs sans laisser d’espaces d’interaction ou au moins de répit.
- Placer vos blocs à la mode paysanne ou docker, comme vous préférez. Vous devez les placer subtilement, avec des transitions, avec de la souplesse. Sinon, vous serez taxé de faire du forcing et de ne pas être dans l’échange.
- Couper la parole au jury.
- Ne pas répondre aux questions. En voulant alimenter l’entretien dans votre intérêt et en plaçant vos points-clés, vous pouvez être maladroit et ne pas répondre directement au jury. Il risque de mal le prendre et de vous juger pas à l’écoute.